Au cours des dernières semaines, nous avons fait plus ample connaissance avec le Mazda CX-50 Hybride 2025. Voici le quatrième chapitre de notre essai à long terme du modèle.
Voir aussi : Mazda CX-50 Hybride 2025, essai à long terme, 1ère partie : on jase !
Voir aussi : Mazda CX-50 Hybride 2025, essai à long terme, 2e partie : pareil, pas pareil
Voir aussi : Mazda CX-50 Hybride 2025, essai à long terme, 3e partie : une bonne affaire ?
Au cours des dernières semaines, nous avons constaté ensemble que le Mazda CX-50 Hybrid 2025 représente une alternative intéressante aux RAV4, CR-V, Sportage & Cie. Mais, jusqu’à nouvel ordre, la guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde complique notre magasinage…
Pour la petite histoire, rappelons que le CX-50 non-hybride, à moteur atmosphérique ou turbo, a été mis en vente chez nous en mai 2022. Comme sa production sortait d'une toute nouvelle usine de Huntsville, en Alabama, opérée conjointement par Mazda et Toyota, la quantité de véhicules assemblés au départ ne reposait que sur un seul quart de travail, le temps que les opérations soient rodées.
Jusqu’à la fin de 2022, les ventes canadiennes de Mazda CX-50 s’élevèrent à 2 365 unités. À titre de comparaison, mentionnons que le Honda CR-V et le Toyota RAV4 ont respectivement vendu 6 563 et 13 621 exemplaires cette année-là… au Québec seulement !
Pour Mazda, il y avait encore loin de la coupe aux lèvres mais, également, ne dit-on pas que petit train va loin ?
Une deuxième équipe de production a été ajoutée en juin 2023 pour se rapprocher de la capacité maximale de l’usine de 150 000 unités par an. L’effort a porté fruit puisque 5 711 exemplaires du CX-50 ont trouvé preneurs au Canada cette année-là.
Ça allait si bien
En 2024, alors que la production battait enfin son plein, les ventes canadiennes du CX-50 ont encore doublé : 10 759.
L'élan s'est poursuivi dès le début de 2025, dopé à vrai dire par l’arrivée en novembre 2024 de la variante hybride du CX-50, celle de notre essai. Dès le premier trimestre, les ventes totales ont bondi de 67 %, une hausse qui laissait présager une nouvelle année record.
Jusqu’à ce que Trump et ses tarifs viennent gâcher la sauce.
Le 3 avril dernier, en effet, l’administration américaine a imposé une surtaxe de 25% sur les autos et pièces importées de l’étranger. La réplique du Canada n’a pas tardé en imposant à son tour 25% sur les véhicules importés en provenance des USA jugés non conformes à l'ACEUM, c’est-à-dire l’Accord Canada-États-Unis-Mexique du 1 juillet 2020 (lequel a succédé à l’ALENA -- Accord de libre-échange nord-américain).
Or, comme on l’a vu, le CX-50 est assemblé chez l’Oncle Sam. À contre-coeur, Mazda a donc dû suspendre ses exportations vers le Canada : aucun nouveau CX-50 n'est entré au pays depuis le 12 mai dernier. Et, au moment d’écrire ces lignes, les tarifs sont toujours en vigueur de part et d’autre de la frontière.
Une denrée rare
Bien sûr, les concessionnaires Mazda les plus prévoyants avaient étoffé leur inventaire en conséquence. Mais, plus de quatre mois plus tard, la situation s’est forcément détériorée.
J’ai contacté à la mi-août ALBI Mazda Mascouche, la concession-phare du groupe ALBI le Géant. Cathy Laroche, vice-présidente du marketing et des relations publiques, m’a répondu qu’il leur restait moins de 10 exemplaires de CX-50 dans la cour. On parle ici du plus important concessionnaire Mazda au Canada ! La situation chez les autres marchands ne doit guère être plus rose, au contraire.
J’ai questionné Mazda Canada sur la situation actuelle à travers le pays. « Tout ce que je peux dire, c'est que Mazda Canada dispose actuellement d'un stock limité de CX-50 que nos concessionnaires continuent de vendre », a dit Chuck Reimer, responsable de la communication sur les produits de Mazda Canada.
Ça ne signifie pas, en passant, que le PDSF d’un CX-50 gonflerait carrément de 25 % si Mazda continuait de l’importer chez nous. C’est plus subtil. Oui, les droits de douane de 25 % s'appliquent aux véhicules et aux pièces non conformes à l'ACEUM mais certaines pièces proviennent de l'extérieur des États-Unis et, donc, « le montant réel de la taxe appliquée au CX-50 serait inférieur à 25 % », a précisé Chuck.
Mais qu’importe le montant exact de la surtaxe, on s’entend que les vendeurs et le constructeur ne peuvent pas se résoudre à refiler la surtaxe aux consommateurs comme si de rien n’était. Mazda n’a pas non plus un portfolio assez touffu pour ventiler la pénalité sur l’ensemble de ses modèles.
Pendant ce temps…
Au mois d’août dernier, Toyota Canada a vendu 6351 RAV4, dont 9 % étaient des hybrides branchables (PHEV). Puisque le constructeur a écoulé un total de 19 346 véhicules durant ce même mois, ça signifie que le RAV4 a représenté à lui seul près de 33% des ventes de Toyota au Canada en août. En fait, depuis le début de l’année, l’utilitaire compact totalise 37% de ventes de Toyota au pays. Plus du tiers ! C’est énorme !
Ça signifie aussi que Mazda a drôlement raison d’essayer de se trancher une belle part du gâteau : les gens veulent conduire des VUS pratico-pratiques !
Justement, pour les huit premiers mois de 2025, Mazda a vendu 7343 CX-50 à travers le pays versus 6771 durant la même période l’an dernier. L’année 2025 aurait dû se conclure avec un nouveau record de ventes mais les chances de vendre plus de CX-50 qu’en 2024 resteront faibles, voire inexistantes, tant et aussi longtemps que la surtaxe demeurera en vigueur.
La preuve, en août, Mazda n’a vendu que 423 CX-50 contre 1 048 en août 2024. Une baisse de 60 %. Merci Président Trump !
« Cette année, nous étions en passe de vendre au moins 15 000 CX-50 jusqu'à ce que la situation tarifaire suspende nos importations au Canada. Jusqu'en mai de cette année, le CX-50 représentait 17 % de nos ventes au Canada. En 2024 : 15 %. En 2023 : un peu moins de 10 %. Clairement, le CX-50 était une étoile montante de notre gamme jusqu'à ce qu'il soit mis à l'écart par la guerre commerciale », dit Chuck Reimer.
Une dernière statistique pertinente : entre novembre 2024, mois de lancement du CX-50 Hybrid, et le 12 mai 2025, l’arrêt de l’importation, le modèle hybride représentait 28 % de toutes les ventes de CX-50 au Canada
Prions ensemble
Je vais vous résumer la situation : pendant les semaines où j’ai roulé en CX-50 Hybrid, j’ai été un conducteur choyé. La tenue de route, la consommation de 6,0 litres aux 100 km, le lustre de la peinture et la qualité de finition de l’habitacle m’ont séduit.
Si les semaines s’étaient changées en années, j’aurais programmé un maximum de fonctions ou j’aurais maîtrisé à fond l’art des commandes vocales, n’importe quoi pour réduire l’obligation de jongler avec l’agaçante molette du système d’infodivertissement. Quant à l’espace de chargement moindre que la compétition, il ne m’a pas empêché de dévaliser une pépinière. Bref, quand la famille et les amis prenaient place dans le CX-50 Hybrid, j’étais fier. J’aurais aimé pouvoir leur dire « yep, c’est mon char ! ».
Pour Mazda, ses concessionnaires et nous, les consommateurs, il faut maintenant espérer que l’équipe de négociateurs menée par Dominique LeBlanc, le ministre chargé du dossier du commerce canado-américain par le Premier ministre Mark Carney, finisse par faire comprendre le bon sens à leurs vis-à-vis yankees. Et le plus tôt sera le mieux.
Contenu original de auto123.