Il y a des retours qui sonnent comme une évidence, des choix qui, loin de sentir la nostalgie, s'imposent comme un manifeste. En 2025, Porsche a orchestré l'un de ces retours en grande pompe en réinstallant un moteur V8 au cœur de ses modèles GTS, notamment les Cayenne et Panamera.
Après une parenthèse durant laquelle un V6 biturbo officiait, le constructeur de Stuttgart a fait le pari audacieux, à contre-courant d'une industrie automobile obsédée par la réduction de la cylindrée, de redonner au blason « Gran Turismo Sport » ses lettres de noblesse mécaniques.
Après deux semaines passées au volant d'une Cayenne GTS 2025 puis d'une Panamera GTS 2025, la décision du constructeur allemand nous apparaît comme une véritable bénédiction pour les puristes et les amateurs de conduite.
Une symphonie mécanique : le cœur de la bête
Sur le papier, les chiffres parlent d'eux-mêmes en ce qui a trait au V8 biturbo de 4,4 litres : une puissance avoisinant les 500 chevaux et un couple généreux de près de 487 lb-pi. Ces données, bien qu'impressionnantes, ne traduisent qu'imparfaitement la réalité de l'expérience. Car au-delà de la poussée franche et inépuisable qui vous colle au siège à la moindre sollicitation de l'accélérateur, c'est le caractère de ce moteur qui séduit.
Dès le démarrage, le V8 gronde avec une sonorité rauque et profonde, une signature vocale que le précédent V6, malgré ses qualités, ne pouvait tout simplement pas répliquer.
C'est là l'une des raisons fondamentales du retour à cette architecture : l'émotion. Porsche a compris que l'expérience GTS ne se résume pas à un simple chrono sur circuit, mais qu'elle se vit aussi à travers les sens. Le grondement du V8 à bas régime, sa montée en puissance rageuse et les crépitements à la décélération créent une symphonie mécanique qui transforme chaque trajet en un événement pur de plaisir.
La conduite : entre extase et réalité
Au volant, que ce soit dans le cocon surélevé du Cayenne ou l'atmosphère plus feutrée de la Panamera, le constat est identique : ce moteur est d’une polyvalence surprenante. En mode « Normal », il sait se montrer docile, souple et presque discret en conduite coulée, profitant de son couple abondant pour évoluer sans effort. Mais une simple rotation de la molette sur le volant vers les modes « Sport » ou « Sport Plus » réveille la bête. La réponse à l'accélérateur devient instantanée, la boîte de vitesses PDK à 8 rapports, d'une efficacité redoutable, égrène les rapports avec une rapidité fulgurante, et le V8 exprime alors tout son potentiel.
La poussée est linéaire, sans l'effet « on/off » que peuvent parfois présenter certains moteurs suralimentés. On sent une maîtrise parfaite de la suralimentation, avec des turbocompresseurs qui semblent ne jamais s'essouffler. C'est sans doute l'un des meilleurs moteurs jamais produits par Porsche, un équilibre parfait entre la brutalité d'un moteur de sport et le raffinement d'un grand tourisme.
Le pourquoi du V8 : plus qu'une affaire de cylindres
Pourquoi donc ce retour en arrière apparent, à une époque où le « downsizing » est la norme ? Plusieurs facteurs expliquent cette décision stratégique de Porsche.
1. La demande clientèle : les clients des versions GTS, une clientèle de passionnés, n'ont jamais totalement fait le deuil du V8. Le caractère, la sonorité et le prestige associés à cette architecture moteur manquaient. Porsche a écouté sa base la plus fidèle.
2. Le positionnement de la gamme : avec des versions S de plus en plus performantes et l'arrivée de motorisations hybrides surpuissantes (comme les modèles Turbo S E-Hybrid), le V6 des anciennes GTS peinait à justifier son positionnement. Le retour du V8 permet de recréer un écart plus marqué et de réaffirmer le statut de la griffe GTS comme le choix indétrônable des puristes, centré sur le plaisir du moteur à combustion.
3. L'identité GTS : l'appellation « Gran Turismo Sport » a toujours été synonyme d'un équilibre entre confort pour les longues distances et performances de premier ordre. Le V8, par sa souplesse et sa puissance naturelle, incarne parfaitement cette dualité. Il offre ce supplément d'âme, ce caractère « brut » mais maîtrisé, qui définit l'expérience GTS.
Les deux côtés de la médaille : avantages et inconvénients
Comme toute œuvre d'ingénierie, ce V8 GTS n'est pas exempt de compromis.
Les plus :
● Performance et agrément : une puissance et un couple colossaux disponibles sur une large plage de régimes, offrant des accélérations et des reprises spectaculaires.
● Sonorité envoûtante : une véritable signature acoustique qui participe grandement au plaisir de conduite.
● Souplesse et polyvalence : capable d'être doux et civilisé en conduite quotidienne et de se transformer en monstre de performance à la demande.
● Caractère moteur : une noblesse mécanique et une sensation de puissance « naturelle » que seul un V8 peut offrir.
Les contres :
● Consommation de carburant : c'est le revers inévitable de la médaille. Une moyenne de 15 litres aux 100 km en conduite mixte est une réalité à laquelle il faut se préparer. En conduite plus dynamique, ce chiffre peut rapidement grimper. Mais honnêtement, derrière le volant, c’est notre dernière préoccupation.
● Poids sur le train avant : bien que les ingénieurs de Porsche aient fait des merveilles en matière de châssis et d'équilibre, un V8 pèse plus lourd qu'un V6, une donnée physique qui peut se ressentir dans les enchaînements de virages très serrés, même si la sensation est minime pour le conducteur moyen.
● Coût d'achat et d'entretien : le prestige et la complexité d'un V8 biturbo se paient au prix fort, tant à l'achat qu'à l'entretien sur le long terme.
Un moteur déjà dans les annales ?
On doit louer le gain en caractère et en émotion par rapport à la génération précédente des GTS, tout en soulignant, comme nous, l'impact sur la consommation. En fait, ce moteur n'est pas une simple évolution, mais une prise de position forte de la part de Porsche.
Après ces deux semaines d'essai de moteur GTS, le V8 des Porsche Cayenne et Panamera GTS 2025 s'impose pour nous comme une référence. Oui, il est gourmand, et oui, il est cher. Mais pour l'agrément qu'il procure, pour cette sensation d'être aux commandes d'une mécanique d'exception, beaucoup diront que le jeu en vaut la chandelle.
Pour les amateurs de belles mécaniques, ce V8 n'est pas seulement l'un des meilleurs moteurs de la gamme Porsche, il est peut-être l'un des derniers représentants d'une espèce en voie de disparition, et rien que pour cela, il mérite amplement sa place.
Contenu original de auto123.